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Joyau
de l'art néo-gothique, la chapelle
du Collège Saint-Hadelin mérite
à coup sûr la description qui
va suivre et que l'on voudrait présenter
comme un humble hommage au génie
de ses bâtisseurs, architecte, décorateurs.
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Brève notice historique
Le Collège avait vingt ans. Il
convenait de le doter d'un lieu de culte
digne du passé, déjà
réjouissant, de l'institution,
mais surtout de ses ambitions. La première
pierre fut posée en 1901, le 19
mars, jour de la fête de saint Joseph,
par le deuxième directeur, M. l'abbé
Bovens. Les travaux allaient durer moins
de deux ans, l'inauguration ayant lieu
le 20 janvier 1903.
Les deux dates nous sont révélées
par l'inscription lapidaire figurant dans
le pignon, au droit du portail.
D.O.M.
DIVIQVE CORDIS CULTUI
PRIMUM EDIS (sic) LAPIDEM
BEATO JOSEPHO AUSPICE
DIE XIX MARTII ANNI MCMI
V. J. DOUTRELOUX EPISCOPO
H. BOVENS RECTOR POSUIT
DIE XX JANUARII MCMIII
MNG HTO RUTTEN CONSECRATA |
POUR LE CULTE DE DIEU
TRES BON [ET] TRES GRAND
ET DE SON DIVIN COEUR
LA PREMIÈRE PIERRE DE CET ÉDIFICE
SOUS LA PROTECTION DE SAINT JOSEPH
LE 19 MARS DE L'AN 1901
V. J. DOUTRELOUX ÉTANT ÉVÊQUE
H. BOVENS DIRECTEUR A POSÉ.
LE 20 JANVIER 1903
CONSACRÉE PAR MGR H[UBER]T
RUTTEN |
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NB: L'abréviation
D. O. M. représente quasi toujours le datif
Deo Optimo Maximo. Au départ, c'est une expression
latine réservée à Jupiter;
les chrétiens l'adoptèrent et on la
trouve sur les sépultures et édifices
religieux. Ici, il convient de lire le génitif
DEI OPTIMI MAXIMI dépendant de CULTUI.
Une inscription sur un des vitraux (Munificentia
magistrorum, 1902, Grâce à la générosité
des professeurs, 1902) nous indique l'année
de leur placement, tandis que le tabernacle du maître-autel
est millésimé de 1904 par un chronogramme
hICCe reDeMptor hICCe perennIs hostIa (Voici le
rédempteur, voici la victime éternelle).
Dans les années trente exista un projet d'agrandissement
par un transept qui lui aurait conféré
la forme classique de croix latine; ce projet n'aboutit
pas; le Collège en a conservé un plan.
Le gros-oeuvre et les dimensions
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Au
cours de la seconde moitié du 19e
siècle, l'art religieux s'est progressivement
détourné des tendances baroques,
dont les fantaisies pouvaient distraire
le fidèle, pour s’adonner à
un style davantage propice au recueillement
et à la prière. Le mouvement
artistique s'inspire principalement des
réalisations médiévales,
en leurs thèmes, formes et techniques.
L'église modèle est la Sainte-Chapelle
de Louis IX, de style gothique rayonnant;
elle va influencer maints architectes, qui
trouvent dans le néo-gothique l'occasion
de laisser beaucoup de place aux oeuvres
des maîtres verriers. |
La maçonnerie de notre chapelle
est en briques, avec quelques rares appels
au petit granit; des contreforts protègent
la verticalité des murs, et confèrent
du rythme à l'aspect extérieur.
L'entrée principale est à
l'ouest, le choeur à l'est, comme
d'habitude. Le pignon comporte en tout huit
vitraux, deux petits au rez-de- chaussée,
trois au niveau de la tribune, et, dans
le triangle supérieur, un triplet
donnant sur les combles. Le portail en chêne
à double battant est surmonté
d'une ogive. Devant le tympan, une statue
du Sacré-Coeur se dresse sur le linteau
illustré d'un chronogramme qui rappelle
la consécration et son millésime
1903:
saCratIssIMo CorDI ConseCrata (Consacrée
au très Sacré-Coeur)
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Seize grandes baies en tuffeau, élancées,
divisées sur la largeur en deux parties -
dans le choeur, au pignon - ou en trois parties
- dans la nef - par des meneaux, sont, la plupart,
décorées de splendides vitraux, ces
deux ou trois parties étant elles-mêmes
surmontées de "trèfles"
à quatre ou six lobes. La toiture à
deux versants est recouverte d'ardoises, elle s'agrémente
du côté ouest d'un clocheton composé
d'une tourelle ajourée et d'une pyramide
effilée.
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Seize
grandes baies en tuffeau, élancées,
divisées sur la largeur en deux parties
- dans le choeur, au pignon - ou en trois
parties - dans la nef - par des meneaux,
sont, la plupart, décorées
de splendides vitraux, ces deux ou trois
parties étant elles-mêmes surmontées
de "trèfles" à quatre
ou six lobes. La toiture à deux versants
est recouverte d'ardoises, elle s'agrémente
du côté ouest d'un clocheton
composé d'une tourelle ajourée
et d'une pyramide effilée. |
Le mobilier
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Le
mobilier se compose:
- de trois autels en marbre et d’une
crédence, dus au ciseau du marbrier
liégeois A. Peeters, qui appose sa
signature au flanc droit du principal; prédelle
et tabernacles sont l'oeuvre de l'orfèvre
liégeois Emile Pirotte: on trouve
son nom gravé à l’angle
inférieur droit de la prédelle;
de part et d'autre du maîtreautel,
les courtines avec leurs chandeliers et
anges dorés sont imitées de
celles de l'église des Chandelles
à Arras;
- de trente-neuf bancs de cinq à
six places, en chêne, finement ouvragés;
- de lambris et de quatre confessionnaux
de la même essence;
- d'un élément original: Au
mur de droite, une tribune permettait aux
religieuses qui étaient en service
au Collège de suivre l'office sans
être mêlées aux élèves;
- d'une table d'autel et d’un lutrin
en chêne bien dans le style de l'époque;
ils proviendraient de l'ancien oratoire
des religieuses. |
Les portes des confessionnaux sont surmontées
de panneaux sculptés représentant
des scènes en relation étroite avec
le sacrement de pénitence, chacune dotée
d'une légende taillée dans le bois,
soit, en partant du choeur:
- Quorum remiseritis peccata remittuntur eis (A
ceux dont vous aurez remis les péchés,
ceux-ci leur sont remis).
- Fides tua te salvam fecit. Vade in pace. (Ta foi
t'a sauvée. Va en paix): paroles de Jésus
à la femme pécheresse, LUC, VII, 50.
- Pater peccavi in coelum et coram te, LUC, XV,
21 (Père, j'ai péché contre
le ciel et devant toi): paroles du fils prodigue
à son père.
- Inveni ovem meam quae perievat (sic) LUC, XV,
6 (J'ai retrouvé ma brebis qui était
perdue).
La prédelle de l'autel majeur, en laiton
argenté et doré, est remarquable.
De part et d'autre du tabernacle ciselé,
orné d’émaux et de pierres semiprécieuses,
figure une frise de douze personnages bibliques,
évangélistes et autres saints désignés
par leurs noms et disposés de façon
symétrique, soit, si on les unit deux par
deux en partant des extrémités:
- Melchisedech // Abraham: deux personnages de la
Genèse;
- Moïse // Malachie: deux prophètes;
- Mathieu // Luc: deux évangélistes;
- Marc // Jean: idem;
- Julienne de Cornillon, qui instaura la Fête-Dieu
// Eve Recluse, religieuse de Saint-Martin, qui
la promut;
- Urbain IV, qui l'universalisa //Thomas d'Aquin,
le célèbre docteur de l'Eglise, contemporain
d'Urbain IV;
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Egalement
répartis, huit panneaux illustrent
des épisodes de la vie de saint Hadelin.
Ils sont réalisés par l’orfèvre
Pirotte. Les sujets et les légendes
sont identiques à ceux de la célèbre
châsse conservée à la
Collégiale de Visé, soit à
gauche, puis à droite:
1. Le songe d’Hadelin. Ipsa columba
docet meritis quibus ipse refulget (La colombe
elle-même montre par quels mérites
lui-même brille).
2. L’accueil de disciples. Virtutum
meritis crescit subjec-tiomitis (Une douce
soumission croît grâce aux mérites
des vertus).
3. La rencontre de Pépin. Paret Pippinus
decernit ius Hadelinus (Pépin apparaît
- ou obéit ?- ; Hadelin décide
de ce qui est juste).
4. Remacle bénit Hadelin. Vires dat
famulis sancti benedictio patris (Elle donne
des forces à ses disciples, la bénédiction
du saint père).
5. Le miracle de la source à Franchimont.
Mens orat munda nec fit mora prosilit unda
(Un esprit pur prie et sans délai
la source jaillit).
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6. La guérison d’une muette à
Dinant. Corde preces solvit et linguae vincla solvit
(Avec coeur, il exauce les prières et libère
la langue de ses entraves).
Sur les autels, trois inscriptions en lettres de
laiton magnifient leurs dédicataires respectifs:
- Tota pulchra es Maria (Tu es toute belle, ô
Marie).
- Ecce panis angelorum (Voici le pain des anges).
- Sicut lilium efflorebit (Comme le lis, il fleurira).
Les peintures murales
Les surfaces murales, surtout celles du choeur et
du côté droit de la nef sont recouvertes
de nombreuses peintures illustrant des épisodes
de l'écriture sainte et de l'histoire, légendées
elles aussi. Le nom de leur auteur se cache derrière
le maître-autel dans le texte suivant:
AD
DIVI CORDIS MAJOREM GLORIAM
ANNO D[OMINI] MDCCCCIV
IUBILEO B[EATAE] M[ARIAE] V[IRGINIS] CONCEPTIONIS
IMMACULATAE SACRO
PIE X PONTIFICE MAXIMO
MARTINO HUBERTO RUTTEN LEODIENSI ANTISTITE
IUXTA LINEAMENTA AUGUSTI JAVAUX
TEMPLUM HOC PICTURIS ORNATUM |
POUR
ACCROÎTRE LA GLOIRE DU DIVIN COEUR
L'ANNEE DU SEIGNEUR 1904
LORS DU JUBILE SACRE DE L'IMMACULEE CONCEPTION
DE LA
BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
PIE X ETANT SOUVERAIN PONTIFE
MARTIN HUBERT RUTTEN ETANT EVEQUE DE LIEGE
D'APRES LES DESSINS D' AUGUSTE JAVAUX
CE TEMPLE A ETE ORNE DE PEINTURES |
Cet Auguste Javaux est connu
comme marchand d'articles religieux établi
à Liège, rue Saint-Paul. Il n'est
vraisemblablement pas le réalisateur des
peintures.
Nous allons passer celles-ci
en revue, en partant du premier confessionnal
pour aller, via le choeur, jusqu'à la tribune.
Dans la nef, à gauche:
Dieu chasse Adam et Eve de l'Eden: Inimicitias
ponam inter te et mulierem ipsam conteret caput
tuum (J'établirai une hostilité
entre toi et la femme même. [Son lignage]
t'écrasera la tête). Genèse,
III, 15;
Dans le choeur, moult évocations des préfigurations
de l'eucharistie dans l'Ancien Testament, bien
dans l'esprit du temps, comme au Moyen-Age:
- La pâque juive : Pascha nostrum immolatus
est Christus (Le Christ, notre pâque, a
été immolé). Selon la règle,
on immole l'agneau en se tenant debout, le bâton
de l'exode au corps ; dans le coin inférieur
gauche, on retrouve l'évocation de l'exode
avec le manteau, le chapeau, la gourde et le bâton
de pèlerin ;
- La manne dans le désert : Panem de coelo
dedit eis. Jo. VI 31. (Il leur a donné
le pain venu du ciel, Jean, VI, 31). Moïse
fait aussi, en utilisant son bâton, jaillir
du rocher une source ;
- La procession de l'arche de l'alliance et la
danse de David devant celle-ci :
Laudate eum in psalterio et cithara. (Louez-le
sur le tambourin et la cithare).
L'arche d'alliance, destinée à contenir
les tables de la Loi, était le symbole
de la présence de Dieu parmi son peuple;
- L'ange de Yahvé s'adresse au prophète
Elie: Surge comede grandis tibi restat via 3 REG.
19. (Lève-toi, mange, longue est la route
qu'il te reste [à accomplir] 3e livre des
Rois, 19). En fait, la référence
exacte est 1 REG. 19, les livres des Rois n'étant
d'ailleurs que deux;
- Les pains de proposition: Melchisedech, roi
de Shalem et prêtre du Dieu Très
Haut apporte du pain et du vin à Abraham
: Christus Dominus Sacerdos in aeternum panem
et vinum obtulit (Le Christ Seigneur Prêtre
pour l'éternité offrit le pain et
le vin) cf. Genèse, XIV, 18;
- Episode de Caïn et Abel: Respexit Dominus
Abel et munera ejus. (Le Seigneur regarda Abel
et son offrande) cf. Genèse, IV, 4.
- Episode de la vie de Joseph: Clamavit populus
ad regem…Ille respondit Ite ad Joseph (Le
peuple réclama au Pharaon [de quoi manger].
Celui-ci répondit […]: «Allez
trouver Joseph [et faites ce qu’il vous
dira]» cf. Genèse, XLI, 55.
L'arc triomphal est orné de représentations
de saints et d'anges. Au pied des saints, à
gauche, figure une représentation de la
façade est du Collège, à
droite, une vue de Visé à partir
de la rive gauche de la Meuse. Sur la partie supérieure
de l'ogive, douze Chérubins et Séraphins
adorent l'Agneau, autour duquel sont diposés
quatre médaillons illustrés des
emblèmes des évangélistes.
Sous les anges, encore une citation, de l'Apocalypse
de saint Jean : Benedictio et gratiarum actio
/ honor et virtus Deo nostro. Apoc. VII, 12 (Bénédiction,
action de grâces / honneur et vertu pour
notre Dieu). Sous l'Agneau, sur les pages d'un
livre ouvert: Sum ego alpha et omega (Je suis
l'alpha et l'oméga).
Plus bas, les saints en adoration sont nommés
en latin, chacun dans son auréole.
Le choix des saints fut dicté par le souci
d’évoquer l’eucharistie, la
science, la jeunesse;
à gauche:
- saint Bonaventure, théologien du 13e
s. surnommé " Docteur séraphique
";
- saint Henri, empereur germanique de 1002 à
1024 (Henri II), signalé pour sa pureté
et sa chasteté; il porte la chapelle de
Bamberg, dont il a fondé le diocèse.
- saint Hubert, évêque de Tongres,
Maastricht et Liège, mort en 727; son visage
serait celui de l'abbé bâtisseur,
Hubert Bovens;
- saint Vincent-de-Paul (1581-1660), fondateur
de nombreuses oeuvres de charité, notamment
en faveur des enfants trouvés;
- saint Jean-Baptiste, le précurseur du
Messie; sur son étendard: Ecce Panis Angelorum
(Voici le Pain des Anges);
- saint Tarcisius (4e s.), qui préféra
se faire massacrer plutôt que de laisser
profaner l'eucharistie qu'il portait;
- sainte Gertrude, religieuse du 13e s., particulièrement
dévote; à moins que ce ne soit Gertrude
de Nivelles (626-659), fille de Pépin de
Landen, abbesse, dès 647, du monastère
de Nivelles fondé par sa mère, sainte
Itte.
à droite:
- saint Jean-Baptiste de la Salle, qui, en 1682,
fonda la congrégation des Frères
des Ecoles Chrétiennes, vouée à
l'éducation des enfants pauvres;
- sainte Agnès, vierge romaine martyrisée
en 303 sous Dioclétien à l'âge
de douze ans pour avoir refusé de renoncer
à son voeu de virginité;
- saint Thomas d'Aquin, philosophe italien, docteur
de l'Eglise (1225-1274); à ses pieds le
livre ouvert porte les mots Lauda Sion Salvatorem
(Sion, loue ton Sauveur);
- saint Jean Berchmans (Diest 1599 - Rome 1621),
brillant étudiant en philosophie, dévoué
à la Vierge et au service de ses frères
; patron des novices jésuites;
- saint Stanislas Kostka (1550-1568), jeune noble
polonais, élève des jésuites
à Vienne, entré au noviciat d'Augsbourg
contre la volonté de son père ;
patron des novices;
- saint Louis de Gonzague (1568-1591), jésuite
italien mort au service des pestiférés,
patron de la jeunesse;
- saint François de Sales (1567-1322),
docteur de l'Eglise, fondateur de l'ordre de la
Visitation ; patron des Salésiens, qui
se consacrent à l'enseignement.
Sur la face intérieure de l'arc triomphal
sont représentés les symboles de
la passion du Christ:
à gauche, la couronne d'épines,
la colonne de flagellation, le fouet et les verges
et le roseau tenant lieu de sceptre, le titulus
INRI, la croix;
à droite, la lance et l'éponge d'hysope
et l'échelle, les dés, la tunique,
les clous, le marteau et les tenailles.
Dans la voûte du choeur, parmi les motifs
végétaux évoluent des anges,
et l'on retrouve le même chronogramme que
sur le tabernacle du maître-autel.
Signalons encore les médaillons avec bustes
d'anges. A droite de l'autel, l'un d'eux comporte
la citation Et Verbum caro factum est (Et le Verbe
s'est fait chair).
(Jean, I, protoévangile).
Sur la partie supérieure du mur droit de
la nef figurent trois représentations de
caractères divers, légendées:
- Saint Martin partage son manteau avec un pauvre
: Pauperi ac nudo Martinus partem dat chlamidis
(A un homme pauvre et nu, Martin donne une partie
de son manteau);
- Evocation du salut d'Hadelin : Euge serve bone
intra in gaudium Domini tui (Très bien,
bon serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur).
Le sarcophage porte : Hadelinus requiescat in
pace (Qu’Hadelin repose en paix);
- Charlemagne accueille le pape Léon III
chassé de Rome par une faction romaine
: Carolus Magnus obviam Leoni III ad Paderbonam
(Charlemagne à la rencontre de Léon
III à Paderborn). Signalons que, en échange
de sa protection, Léon III couronnera Charlemagne
empereur d'Occident en l'an 800, le jour de Noël.
La scène de Paderborn rappelle donc un
épisode particulièrement important
pour l'histoire de la chrétienté
en Europe.
Sous ces trois scènes, on trouve représentés
huit saints et prophètes, faisant face
aux apôtres alignés dans les vitraux
:
- S. Gregorius ;
- S. Augustinus, tenant le " De civitate
Dei " ;
- S. Ambrosius ;
- S. Hieronymus, tenant les " Biblia Sacra
" (la Bible) ;
- S. Daniel, avec lion et inscription " LXX
hebdomades abbreviate (sic) sunt "
(Septante semaines ont été abrégées).
Le songe de Daniel indique l'urgence de la conversion
;
- S. Ezechiel, avec inscription : Aspice Domine
de sede tua (Regarde, Seigneur, du haut de ton
siège) ;
- S. Jeremias, avec texte Suscitabo David germen
iustum JER XXIII (Je susciterai à David
un germe juste) ; verset 5 ;
- S. Isaïas, avec texte : Deus ipse veniet
Is. XXXV (Dieu lui-même viendra).
Tout le long de la nef - au-dessus des confessionnaux
et lambris - et du choeur se déroulent
diverses citations:
- (sur le mur de gauche de la nef) Charissimi,
si sic Deus dilexit nos, et nos debemus alterutrum
diligere. Si diligamus invicem Deus in nobis manet
et charitas ejus in nobis perfecta est I Jo 4.
(Très chers, si Dieu nous a aimés
ainsi, nous aussi nous devons nous aimer les uns
les autres. Si nous nous aimons mutuellement,
Dieu demeure en nous et son amour en nous est
accompli). 1ère épître de
St Jean, IV, 11-12;
- (sur l'arc triomphal, à gauche) Sanctus,
sanctus (Saint, saint);
- (dans le choeur, à gauche) Laudamus te
Benedicimus te (Nous te louons, nous te bénissons);
- (derrière l'autel) Christus vincit, Christus
regnat, Christus imperat (Le Christ triomphe,
le Christ règne, le Christ commande);
- (dans le choeur, à droite) Adoramus te
Glorificamus te (Nous t'adorons, nous te glorifions);
- (sur l'arc triomphal, à droite) Hosanna
in excelsis (Hosanna au plus haut [des cieux]);
- (sur le mur de droite, après la légende
de la scène du Pharaon) Sic enim Deus dilexit
mundum ut filium suum unigenitum daret ut omnis
qui credit in eum non pereat sed habeat vitam
aeternam. Jo. III 16 (Dieu a aimé le monde
au point de lui donner son fils unique, afin que
celui qui croit en lui ne meure pas, mais possède
la vie éternelle. Jean, III, 16).
Au-dessus des vitraux de la tribune figurent,
à droite, les armoiries papales avec la
devise INSTAURARE OMNIA IN CHRISTO (Instaurer
toutes choses dans le Christ), à gauche,
les armoiries épiscopales avec la devise
NON RECUSO LABOREM (Je ne refuse pas le labeur).
Les vitraux
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Les
vitraux sont remarquables autant par leur
facture soignée que par les sujets
qu'ils représentent.
Dans le choeur, de gauche à droite,
nous pouvons admirer:
- l'adoration des bergers; la Vierge remettant
le rosaire à saint Dominique (à
noter, l'emblème du chien tenant
dans ses crocs une torche enflammée);
- le Calvaire, avec le soldat romain Longin,
le tout surmonté du pélican
allégorique; le Sacré-Coeur
et sainte Marguerite-Marie Alacoque, Visitandine
(1647-1690, Paray-le-Monial) qui en répandit
le culte; à noter, l'inscription
au pied de ce vitrail: Restituit 1949 J.
B. Jacobs Bruxelles II (J. B. Jacobs a restauré
en 1949, Bruxelles II). Il s'agit vraisemblablement
d'une restauration consécutive au
largage d'une bombe durant la guerre;
- l'atelier de charpentier de Nazareth,
avec la présence des parents de la
Vierge, Anne et Joachim; la mort de saint
Joseph.
Dans la nef,
- au mur nord, en partant du choeur:
- "Laissez venir à moi les petits
enfants" avec l’inscription Munificentia
magistrorum 1902 (Grâce à la
générosité des professeurs,
1902).
Suivent les douze apôtres, nommés
:
- S. Judas Thadeus, S. Simon, S. Jacobus
Minor (Jacques le Mineur);
- S. Mathaeus, S. Bartholomeus, S. Thomas;
- S. Philippus, S. Andrea, S. Jacobus Major;
- S. Ioannes, S. Petrus, S. Paulus. |
Trois polyboles sont consacrés
à trois des quatre évangélistes:
Marc, Luc, Mathieu. Pourquoi pas à Jean?
Il restait pourtant plusieurs polylobes.
Petit mystère...
- au mur sud, près du choeur:
- St Hadelin, avec inscriptions: Amicale des Anciens
Maîtres et Elèves,
1881-1981; Fortitudo mea dominus (Le Seigneur
est ma force): devise de Mgr van Zuylen; Armand
Romainville III 1981 invenit fecitque (Création
et réalisation d’Armand Romainville
en mars 1981).
A la tribune,
- au mur nord:
- S. Gregorius, avec partition du début
du Gloria en grégorien;
- au mur ouest:
- S. Maternus, S. Servasius, avec aigle et dragon;
- S. Hubertus, avec cerf, S. Lambertus avec palme
des martyrs;
- S. Hadelinus, avec missel ouvert, S. Remaclus
avec loup et tenant en main une abbaye en miniature.
Le chemin de croix, les statues, les mosaïques
Un document conservé au Collège
atteste que, le 23 septembre 1905, Mgr Rutten,
évêque de Liège, autorisa
l'érection d'un chemin de croix dans la
chapelle. La quatorzième station est signée,
pour l'ensemble, d’A.P. Windhausen. L'influence
des peintres italiens du Quattrocento est évidente.
Le support des peintures est le bois.
Il y a six statues en plâtre dans la chapelle:
- sainte Marie et saint Joseph sur les autels
latéraux;
- saint Antoine de Padoue, le Sacré-Coeur
et saint Jean Berchmans contre le mur droit de
la nef;
- l'ange gardien sous l'escalier de la tribune;
selon M. l'abbé Noirfalise, qui était
déjà au Collège en 1932,
elle aurait été offerte en action
de grâces par la maman d'un élève
qui aurait évité le pire lors d'une
chute.
On peut inclure ici le crucifix suspendu au-dessus
de l'autel, qui provient du réfectoire.
Parmi les trésors de la chapelle, il convient
encore de mentionner plusieurs vases sacrés
de très belle facture, calices, ciboires,
ostensoir, reliquaireainsi que des ornements sacerdotaux.
Mentionnons enfin les belles mosaïques qui
ornent majestueusement le sol de leurs rinceaux:
elles sont, à n'en point douter, l'oeuvre
d'artisans italiens, grands spécialistes
en la matière.
Un lieu de culte à classer
La chapelle du Collège Saint-Hadelin
a longtemps été le lieu de célébrations
quotidiennes pour les élèves et
les professeurs de la maison. En 1964, les élèves
du cycle supérieur avaient dans leur horaire
deux messes par semaine; le directeur Thimister
célébrait, tandis que les abbés
Lemaire et Menten confessaient et que l'abbé
Delanaye exerçait la surveillance. En 1968,
le doyen Mockels proposa la célébration
d'une messe le dimanche matin. M. l'abbé
Thimister accepta et chargea de cet office M.
l'abbé Et. Van den Peereboom, qui accomplit
ce ministère avec grande compétence
et dévouement insigne pendant 34 ans, jusqu'en
2002. Le nombre de prêtres s'amenuisant,
on dut se résoudre à la supprimer
le 1er septembre.
Aujourd’hui, la chapelle
sert encore de lieu de culte à la fin de
l’année scolaire ainsi qu’aux
grandes fêtes de l’année liturgique,
et, de manière sporadique, à d’autres
moments. Depuis l’arrivée de M. le
doyen Desonay en 2004, elle accueille, en six
offices, tous les élèves du Collège
pour les eucharisties de la rentrée car
elle convient mieux aujourd’hui que la Collégiale
pour ces célébrations.
Rendons ici hommage à
une personne dévouée qui a longtemps
veillé et continue aujourd'hui à
veiller, en collaboration avec le directeur du
Collège, à son entretien et à
sa bonne conservation: il s'agit de Monsieur Jan
Keulders, directeur de la chorale Dona Fabiola
depuis plus de cinquante ans. Il convient de le
remercier pour tant de sollicitude et de générosité.
Même si notre chapelle
se voit moins fréquentée aujourd'hui
qu'elle ne le fut antérieurement, il importe
de la préserver pour l'avenir, parce qu'elle
recèle des oeuvres artistiques de qualité
indiscutable, parce qu'elle est un bel exemple
de l'architecture et de la décoration néo-gothiques
de notre région, parce qu'elle fait partie
du patrimoine artistique et culturel de Visé
et de la Basse-Meuse, parce qu'elle peut aussi,
comme elle l'a déjà fait à
maintes reprises accueillir des manifestations
culturelles dans des conditions optimales, parce
que la récession actuelle de la pratique
religieuse n'est peut être que le creux
d'une vague…
La toiture de la sacristie a
été réfectionnée en
2005. Il conviendrait de réparer les outrages
subis par certains vitraux au fil du temps. Il
siérait que la chapelle du collège
Saint-Hadelin bénéficie de la part
des pouvoirs publics d'un classement au rang des
monuments à conserver et donc à
léguer, dans le meilleur état de
conservation possible, aux générations
futures. Puissent saint Hadelin et la mémoire
de nos prédécesseurs nous aider
dans notre volonté d'atteindre ces nobles
objectifs!
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